Quelques mots à propos d'Ernaux
Je vous disais dans mon billet désordre amoureux mon goût pour l'écriture d'Annie Ernaux.
Annie Ernaux, je l'ai découverte à travers la lecture de La place, Une femme, Passions simples. Ecriture sans superflu, sans effets de manches, juste les faits et les sensations liées aux faits. Au milieu d'un contexte social, de rapports sociaux et pour être plus précis d'un prisme d'un rapport au monde aujourd'hui devenu si peu moderne, tellement jugé obsolète qu'est la domination sociale.
Annie Ernaux s'est très vite détachée de la fiction, elle se livre, enfin elle choisit - c'est son désir - de livrer des parts de son intimité.
Je crois que ma sensibilité à Ernaux est de cet ordre là. Le monde bourgeois continue aujourd'hui à nous imposer son bon goût, une manière d'être, de s'habiller, de penser, de parler.
Le plus violent aujourd'hui où la notion de classe sociale prête presque à sourrire c'est que le mode de vie bourgeois n'est plus considéré comme le mode de vie bourgeois, mais comme
la norme. Annie Ernaux dit d'elle qu'elle vient du monde des dominés. C'est à la fois son origine sociale et le fait qu'elle ait pu s'en extraire qui fonde son désir d'écriture. Mais laissons-la parler.
"J'ai toujours le sentiment qu'il y a un gouffre entre le monde de la littérature et la vie des gens dominés. Au vu de mes origines sociales, je suis consciente de la chance inouïe que j'ai eue de pouvoir m'approprier un langage qui n'était pas le mien, et qui, en écho à ce que disait Genet, est " la langue de l'ennemi ", celle des dominants. Cela crée un sentiment de responsabilité. Ce pouvoir du langage, je ne pourrais pas m'en servir pour publier de jolis livres, ça ne m'intéresse pas. Pour autant, je n'écris pas des oeuvres militantes : le langage des militants est nécessairement simplificateur, il ne peut pas dire l'expérience vécue. Pour dévoiler les mécanismes d'injustice à l'oeuvre dans notre société, j'essaie plutôt de restituer mes propres sensations de la manière la plus authentique, et, ce faisant, de provoquer peut-être celles du lecteur. "
Annie Ernaux, je l'ai découverte à travers la lecture de La place, Une femme, Passions simples. Ecriture sans superflu, sans effets de manches, juste les faits et les sensations liées aux faits. Au milieu d'un contexte social, de rapports sociaux et pour être plus précis d'un prisme d'un rapport au monde aujourd'hui devenu si peu moderne, tellement jugé obsolète qu'est la domination sociale.
Annie Ernaux s'est très vite détachée de la fiction, elle se livre, enfin elle choisit - c'est son désir - de livrer des parts de son intimité.
Je crois que ma sensibilité à Ernaux est de cet ordre là. Le monde bourgeois continue aujourd'hui à nous imposer son bon goût, une manière d'être, de s'habiller, de penser, de parler.
Le plus violent aujourd'hui où la notion de classe sociale prête presque à sourrire c'est que le mode de vie bourgeois n'est plus considéré comme le mode de vie bourgeois, mais comme
la norme. Annie Ernaux dit d'elle qu'elle vient du monde des dominés. C'est à la fois son origine sociale et le fait qu'elle ait pu s'en extraire qui fonde son désir d'écriture. Mais laissons-la parler.
"J'ai toujours le sentiment qu'il y a un gouffre entre le monde de la littérature et la vie des gens dominés. Au vu de mes origines sociales, je suis consciente de la chance inouïe que j'ai eue de pouvoir m'approprier un langage qui n'était pas le mien, et qui, en écho à ce que disait Genet, est " la langue de l'ennemi ", celle des dominants. Cela crée un sentiment de responsabilité. Ce pouvoir du langage, je ne pourrais pas m'en servir pour publier de jolis livres, ça ne m'intéresse pas. Pour autant, je n'écris pas des oeuvres militantes : le langage des militants est nécessairement simplificateur, il ne peut pas dire l'expérience vécue. Pour dévoiler les mécanismes d'injustice à l'oeuvre dans notre société, j'essaie plutôt de restituer mes propres sensations de la manière la plus authentique, et, ce faisant, de provoquer peut-être celles du lecteur. "
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