lundi, juillet 25, 2005

Bouble mood



Weronika est une jeune chanteuse habitant en Pologne. Elle aime marcher pieds nus, regarder le monde à travers une boule de verre. Un jour, à Cracovie, une jeune touriste qui lui ressemble la prend en photo. Weronika meurt peu après lors d’un concert. A Paris, Véronique est musicienne et possède les mêmes caractéristiques que Weronika : la voix sublime, le corps, la défaillance cardiaque. Véronique s’éprend d’un écrivain, Alexandre Fabri, qu’elle rencontre à un spectacle de marionnettes qu’il a créées. Mais Alexandre disparaît. Elle lit ses contes tandis qu’il lui envoie des messages dont le sens se trouve dans ses histoires. C’est ainsi que Véronique retrouve sa trace. Ils passent une nuit à l’hôtel. Dans le sac de8 Véronique Alexandre découvre une boule de verre déformante et la photo d’une femme qu’il prend pour Véronique. Il lui révèle alors qu’il écrit un livre : l’histoire de deux femmes nées dans deux pays différents qui ne se sont jamais connues mais sont identiques. Quand, un jour, l’une se brûle à un réchaud, l’autre retient son geste, comme prévenue par la douleur de la première. L’une mourra, l’autre survivra, profitant de l’expérience de son double malheureux.
-->Le commentaire du jury




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Pour la première fois, peut-être, un film atteint à cette chose rare : le sublime. Il y a d’abord la beauté qui échappe ici à toute notion d’esthétisme. C’est une beauté qui naît de la chairr de oe qu’elle possède de plus insaisissable et de plus incompréhensible : la voix. Cette voix de Véronique hante tout le film qu’elle soit audible ou non, présente ou absente. Elle est au-delà de la mort ou de la vie : elle est ce lien entre les deux femmes qui transgresse toutes les lois de la réalité et du destin. Rien pourtant d’extatique ou d’irréel dans cette "double vie". Tout est réel, charnel, mais empli d’une impalpable spiritualité qui n’a à voir qu’avec cette chose tout aussi intangible qui s’appelle "I’âme". L’âme au sens pur, celui de "souffle de vie" une âme qui transparaît sur le visage de Véronique, omniprésent, reflet de son monde intérieur. Kieslowski filme Véronique comme s’il suivait la respiration d’un être en train de se perdre. On sent cette angoisse de la perte et en même temps cette douceur de la mort dans l’extrême fluidité des plans, dans leur folie et dans leur constante beauté qui ne doit son existence qu’au "génie" du réalisateur.Tout est filmé comme une fuite perpétuelle des choses et des êtres qui semblent en suspens dans oe film bouleversant où l’émotion se dit avec une pudeur et une intelligence rares. M. W.