dimanche, septembre 04, 2005

Abbaye d'Aulne et culture d'ananar

La scène se passe en octobre 1999. Je traine une dépression qui me fait souffrir moi et ceux qui m'entourent.

Au milieu d'un week-end où je ne suis pas sorti de mon lit. Une amie vient me voir, m'extrait de mon lit, de chez moi. M'invite à manger au resto près de l'abbaye d'Aulne, nous marchons pendant l'après midi, je ne sais plus ce qu'on s'est dit, "simplement" je lui ai "finalement" demandé de me conduire aux urgences de l'hôpital d'Auvelais. Je ne suis jamais plus rentré dans mon ancienne vie.

Chose étrange, presqu'incroyable, l'infirmier de nuit de cet hôpital avait une guitarre et on chantait pendant la nuit...

Aujourd'hui, ce midi, je me promenais dans les bois entourant l'Abbaye d'Aulne, je sifflais, j'ai pris soudain conscience que je sifflais la même chanson que celle que je chantais il y a 5 ans dans mes nuits à l'hôpital avec l'infirmier de nuit. Cette chanson est bien évidemment une chanson de Léo Ferré mais Philippe Léotard la reprise magistralement. Voici, voici, voici... ma graine d'ananar

La vie m'a doublé
C'est pas régulier
Pour un pauv' lézard
Qui vit par hasard
Dans la société
Mais la société
Faut pas s'en mêler
J'suis un type à part
Un' grain' d'ananar

On m'dit qu'j'ai poussé
En d'ssous d'un gibet
Où mon grand-papa
Balançait déjà
Avec un collier
Un collier tressé
De chanvre il était
Un foutu foulard
A gueul' d'ananar

J'avais des copains
Qui mangeaient mon pain
Car le pain c'est fait
Pour êtr' partagé
Dans notr' société
C'est pas moi qui l'dis
Mais c'est Jésus-Christ
Un foutu bavard
A gueul' d'ananar

Si j'avais des sous
On m'd'manderait:
" Où les as-tu gagnés
Sans avoir trimé
Pour la société ? "
Mais comm' j'en ai pas
Faut lui dir' pourquoi
C'est jamais peinard
La grain' d'ananar

On m'dit qu'c'est fini
J'vous l'dit comme on l'dit
Et qu'on me pendra
Au nom de la loi
Et d'la société
D'la bell' société
Qui s'met à s'mêler
De mettre au rancart
La grain' d'ananar
Potence d'oubli
L'oiseau fait son nid
Messieurs les corbeaux
Passeront ma peau
Comme à l'étamis
Mais auparavant
J'aurai comm' le vent
Semé quelque part
Ma grain' d'ananar