samedi, janvier 29, 2005

Fragilités croisées

Ce soir je suis énervé et -chose rare - j'ai du temps pour vous (me) l'écrire. Qu'est ce qui ce se passe ?

Jacques Villeret est mort à 53 ans, fragilité, sensibilité, soif de vie, vibrations, alcool, cigarettes. Volonté d'enrober toute cela dans un humour quoi que cela puisse lui en couter.Est-ce ainsi que les hommes meurent ?

J'ai croisé ces derniers jours toute une série de fragilités cela deviendrait à la mode ? En tout cas cela fait échos.

Peersman. Gardien de but à Anderlecht (pour les novices il s'agit d'un club de foot en Belgique). Lors d'un match il commet une bourde qui coute un but à son équipe. A la 1/2 temps tellement ébranlé par son erreur. Il se réfugie en pleurant dans les douches et refuse de continuer. "Ce n'était pas beau à voir. On a vraiment tout fait pour lui" expliquait Hugo Broos son entraineur "On l'a soutenu jusqu'au bout. Maintenant, on n'est plus capable de faire quelque chose pour lui: il doit chercher de l'aide professionnelle, éventuellement chez un psychologue. Je n'ai jamais vu quelqu'un demander son remplacement comme lui. Il a livré la preuve qu'il n'était pas capable de jouer sous pression. C'est très dommage, parce qu'il a vraiment les qualités pour être un tout grand gardien."

Je trouve cette histoire très humanisante donc rassurante sur le foot.

Au tour de christophe Hondelatte, présentateur du journal de 13 heures sur France 2. Vendredi, dans un article (http://www.liberation.fr/page.php?Article=271302) au style de chequevarette des bacs à sable qui sied si bien aux journalistes de Libération, Pascal Nivelle y va de son petit opus. Ce n'est pas du vitriol non juste de l'allusif, la vie privée est abordée, sa foi, son fils, ses engagements dans la société. Notre investigatrice nous apprend que le dit Hondelatte fait le grand écart entre sa foi et sa vocation précoce d'animateur. On doit reconnaître que Libération a des leçons à donner en ce qui concerne l'absence de grand écart. A ce titre considérons simplement, la fractale gauche caviar de Libé de mieux en mieux affirmée avec l'entrée de la Banque Rotschild dans son capital. Voilà donc une ligne rédactionnelle et actionnariat en concordance ! Mais j'arrête de dire du mal cela me ressemble si peu.

N'empêche que Christophe Hondelatte -qui me permet de vous dire ce que je pense de Libé.- a réagi à cet article en refusant de présenter le journal du jour. Arlette Chabot (directrice de la rédaction de France2) a déclaré qu'il n'était pas "en état psychologique" de présenter à nouveau le journal de 13 heures. Choses entendues à la radio aujourd'hui : Hondelatte a craqué, il n'a pas été en mesure de supporter la pression. Et là je me dis, est ce qu'il a vraiment craqué ? Est-ce que craquer n'aurait pas été de laisser une verbeuse faire son carton sans réagir ? Bon je n'idéalise pas le bonhomme, il a un certainement l'ego surdimensionné nécessaire à faire son trou à la la télévision. Mais je l'aimais beaucoup sur France-Inter, c'est un gars de la Province, certainement un peu tocard et éloigné des références intellectuo-culturo-parigo-caviardisé de Libé. Mais qui améliorait les courbes d'audience de journal de France2. Celui qui doit être content c'est Jean-Pierre Pernaud qui est en face à la même heure sur TF1 !

En fait je trouve que ce qu'il a fait est à la fois fragile et fort. Fragile, car une décision si rapide montre qu'il a été touché durement. Fort car quand on sert de Punching Ball à des décervellés il faut mieux parfois savoir de retirer du jeu comme cela les decervellés boxent dans le vide... et se sentent moins seules.

Vous dire quand même que j'ai reçu les voeux de Daniel Darc cette semaine. Enfin la firme de disques de Daniel Darc m'a envoyé - dans une stratégie marketing bien rodée - les voeux de son poulain. Crêve coeur est pour moi l'album francophone le plus intéressant de 2004. Vous connaissez Daniel Darc ? Profil de «phobique social, tendance paranoïaque, tendance maniaco-dépressif. Le fardeau porté par un petit-fils de déportés à Auschwitz qui, jusqu'à 15 ans, ne rêvait que de devenir rabbin. «Après ça, je n'ai pas perdu la foi, mais j'ai cru au Grand Soir.» A la révolution par la violence, à la virulence du punk et de son incarnation parfaite: les Sex Pistols. Trente ans plus tard, «debout» et converti au christianisme après un séjour en taule, Daniel Darc répète à qui veut l'entendre son évangile personnel: «Je vis pour deux choses: Dieu et le rock, les deux formes extrêmes de révolution.» Ici chantées d'une voix fantomatique et lumineuse.»

Daniel Darc donc, icone de la déglingue, défonce, capable de se taillader les veines sur scènes et qui en 2004 termine son album Crêve Coeur par une "reprise" du psaume 23. Avec une "spéciale dédicace" à... Christophe Hondelatte.

Le seigneur est mon berger
Je ne manque de rien
Sur des prés d’herbe fraiche
Il me fait reposer
Il me mène vers les eaux tranquilles
Et me fait revivre
Il me conduit par le juste chemin
Pour l’honneur de son nom
Si je traverse les ravins de la mort
Je ne crains aucun mal
Car tu es avec moi
Ton baton nous guide et me rassure
Tu prépare la table pour moi
Devant mes ennemis
Tu répends le parfum sur ma tête
Ma coupe est débordante
Grâce et bonheur m’accompagnent
Tous les jours de ma vie
J’habiterai la maison du seigneur
Pour la durée de mes jours
Le seigneur est mon berger
Je ne manque de rien
Sur des prés d’herbe fraiche
Il me fait reposer
Grâce et bonheur m’accompagnent
Tous les jours de ma vie
J’habiterai la maison du seigneur
Pour la durée de mes jours
Le seigneur est mon berger
Je ne manque de rien
Sur des prés d’herbe fraiche
Il me fait reposer
Le seigneur est mon berger
Je ne manque de rien