samedi, janvier 15, 2005

Spleen de rappel ?


Je veux assoupir ton cafard, mon amour,
Et l’endormir,
Te murmurer ce vieil air de blues
Pour l’endormir.

C’est un blues mélancolique,
Un blues nostalgique,
Un blues indolent,
Et lent.

Ce sont les regards des vierges couleurs d’ailleurs,
L’indolence dolente des crépuscules.
C’est la savane pleurant au clair de lune,
Je dis le long solo d’une longue mélopée.

C’est un blues mélancolique,
Un blues nostalgique,
Un blues indolent,
Et lent.

Léopold Sedar Senghor



Je tiens d'abord à vous rassurer. Suite à mon pécédent "post"sur ma rage de dent vos nombreux messages de soutien m'ont été d'un certain réconfort ! Promis juré si un jour je dois me noyer, ce n'est pas sur mon blog que je devrai appeler au secours. D'ailleurs, il n'y a bien que moi pour croire qu'il me serait possible d'établir une connexion Wi-Fi avant de tomber dans l'eau, c'est franchement ambitieux !

Aujourd'hui, samedi entre 2 eaux. Mon mal de dent s'est estompé, par contre je suis en pleine ré-ré-ré-ré-ré-ré-expérimentation de mon spleen post-vendredi soir. Hier je suis rentré tard du boulôt. Les enfants ont été repris vendredi soir à l'école. En quitant l'Agence hier vers 21 heures 30 j'ai senti ce spleen monter en moi. J'ai cela depuis longtemps. A patir de 11 ans jusque 18 ans , j'ai été pensionnaire et je me souviens que j'éprouvais le même type de sensation le vendredi soir au moment de devoir rentrer chez mes parents.

En fait j'aime bien ce sentiment de vide. Christian Bobin a écrit Souveraineté du vide... J'aime beaucoup cet envahissement du vide. Au départ ce qui m'embêtait c'est que ce spleen arrive toujours à un moment où paradoxalement je dispose de beaucoup plus de temps pour moi, des moments où je dois moins répondre que d'habitude à des contraintes extérieures. Alors en bon tordu que j'étais déjà à l'époque, je me disoais :"Fred tu n'es pas capable de trouver un moyen de t'animer à l'intérieur de toi alors tu fais dépendre ton énergie interne de l'extérieur : boulot, enfants, relations... Quand toutes ces sollicitations s'arrêtent en fait c'est toi même qui t'arrête". Toujours chez moi cette furieuse auto-imprécation à ne pas (ne plus) dépendre de...

Aujourd'hui, j'ai un regard plus serein sur ces moments de spleen. J'ai l'impression de les gérer, de m'y affirmer et encore plus paradoxal de m'y affermir. Je ne suis pas fait que pour fonctionner, éteindre le brouhaha d'activités permet d'entendre des résonnances intérieures plus discrètes, sensibles, volatiles, fragiles.

J'ai marché sur la lune de ma galaxie à moi le jour où j'ai pu clamer - de manière extrèmement désordonnée au départ - que je souhaitais m'accomplir avec mes fragilités. Ce fut un grand pas pour moi !

Alors le spleen du vendredi soir, piqure de rappel de cette fragilité ?